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cains, partisans de la libre immigration japonaise se rappellent la campagne en faveur de la libre immigration des Chinois qui aboutit en 1868 au Burlingame treaty. Le Chinois avait une âme et les prêtres ou pasteurs voulaient la sauver ; le Chinois avait de l’argent et les commerçants américains voulaient l’attirer ; le travailleur chinois ne coûtait pas cher, et les économistes prédisaient monts et merveilles à qui l’emploierait. Qu’est-il advenu ? L’obligation d’exclure les Chinois. Que ce précédent serve de leçon : il y a aux États-Unis présentement autant de Japonais que de Chinois (72 171 en 1900). Cette population mongole d’environ 150 000 individus, — pour plus de moitié en Californie, — est presque exclusivement composée de salariés.

Comme les Chinois, les Japonais ont l’instinct grégaire, la tendance à la vie de clan :

M. Okasaki Tsunekichi vient d’acheter 10 000 acres dans le Texas occidental ; il ne cherche pas uniquement des bénéfices personnels. Il a l’intention de bâtir un bourg japonais. Nombreux sont les sans-travail japonais qui rôdent aux États-Unis. Il espère leur venir en aide, en les groupant autour de lui[1]. — Même dans les campagnes les plus reculées, si un Japonais lance une entreprise, d’autres Japonais accourent très nombreux, ouvrent des magasins et fondent un village[2]. — Après que le tremblement de terre et le feu eurent anéanti San Francisco, les

  1. Tôbei Zasshi, 10e année, n° 7. Art. de Mr. Katayama Hisomu ; cité par Shinkoron, mars 1906.
  2. Id., avril 1906.