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venir des esclaves qu’il présente comme étant sa femme et ses enfants : la valeur marchande d’une Chinoise aux États-Unis est de 2 000 à 3 000 dollars. Les conditions de vie faites à ces communautés d’hommes y développent, avec beaucoup de vices, la traite des femmes et des enfants. Sans rechercher les causes anormales de ces mœurs anormales, l’Américain traite de libidineux, comme les Nègres, les Chinois qui sont de mœurs douteuses, faute de femmes. Que d’histoires et de légendes ne colportait point sur les débauches des souterrains de Chinatown ! Les missions se consacraient au sauvetage de l’enfance prostituée. J’ai assisté à San Francisco à une classe de jeunes Chinoises qu’une Américaine avait, après de romanesques équipées dans les déduits de la ville souterraine, dérobées à la luxure, et qu’elle gardait jalousement derrière de gros barreaux de fer par peur de ces Chinois immondes.

De bon rapport par le commerce qu’elle entretenait entre la Chine et les États-Unis, Chinatown était pourtant un défi permanent à l’opinion, ville de termites qui rongeaient la constitution démocratique, et de bêtes ignobles qui offusquaient la morale anglo-saxonne, cité de luxure, de jeux, de fumeries d’opium et de crime. Quand le feu succéda au tremblement de terre, on n’hésita pas à la dynamiter alors qu’elle était encore épargnée par les flammes. Après l’incendie purificateur, les pasteurs et les prêtres s’opposèrent à sa reconstruction. Mais comme les Chinois menaçaient de quitter le pays et que cela aurait coûté gros, on dut tolérer la reconstruction à la même place de cette Gomorrhe.

Et les antijaponais de conclure : Que les Améri-