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eux insistera sur la nécessité urgente d’adopter toutes les mœurs américaines :

Si nos compatriotes ne sont pas aimés des Américains, ils doivent faire tout leur possible pour s’américaniser. S’ils ne le font pas, tout comme les Chinois ils seront contraints de se retirer… Il faut que les Japonais qui demeurent aux États-Unis y résident le plus longtemps possible et qu’ils prennent les mœurs yankees[1].

Et les Japonais sont enthousiastes d’éducation ; ils s’acharnent à parler anglais ; s’ils demandent avec tant d’insistance de continuer à fréquenter les public-schools, c’est qu’ils sont avides d’apprendre les american ways. À quoi leur servira d’être isolés à l’école orientale, avec des Chinois et des Coréens ? Ils retomberont dans cet asiatisme dont ils veulent se défaire et ne progresseront pas en américanisme. Les journaux des États-Unis publient fréquemment des propositions de Japonais de travailler au pair, comme domestiques, à condition qu’ils aient quelques heures, chaque jour, pour aller à l’école[2]. Aux Hawaï, comme en Californie, les ouvriers n’ont qu’une hâte, c’est d’apprendre des Américains un métier. La réussite du Japon moderne est due à l’imitation par l’éducation, — surtout à l’école des États-Unis, et n’est-ce pas le vœu du gouvernement et du peuple japonais d’obtenir le droit pour leurs émigrants de se faire naturaliser américains[3] ?

  1. Tôkyô Keizai Zasshi, 10 novembre 1906. Les Garanties de la Paix japono-américaine, par Mr. Kitazaki.
  2. Les « want » columns de San Francisco étaient couvertes d’annonces dans ce genre : « Japanese young boy, honest, reliable, wants work after school for his board. »
  3. Une loi fédérale de 1906 a décidé qu’il fallait désormais savoir parler anglais pour être naturalisé américain. En 1902, a paru à