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cielles : tous ses ancêtres européens ont été assez semblables entre eux pour créer une descendance viable. Et pourtant nul peuple n’a davantage le préjugé de la race. Après une telle réussite, dans l’assimilation des immigrants d’Europe, il est naturel que la notion de Blanc ait pour l’imagination des Américains un sens et un prestige qu’elle ne peut avoir pour un Français. Entre les Blancs d’Europe, Anglais, Allemands, etc., le Français n’est qu’un type particulier, aussi, pour marquer son originalité, ne pense-t-il pas à sa qualité de Blanc et insiste-t-il sur sa qualité de Français. L’Américain, au contraire, dont les ancêtres paternels et maternels vivent depuis plusieurs générations aux États-Unis a toutes chances de résumer bien des types de Blancs (Hollandais, Irlandais, Allemands, etc.) ; il en est l’heureuse synthèse ; il incarne l’idée générale de Blanc. Cette qualité commune à tous ses ancêtres s’exalte en lui ; elle constitue son originalité : Américain, il est l’expression suprême de toutes les variétés de la race blanche, qui en sa personne fait bloc contre les races noire et jaune installées sur le même continent.

Selon lui, l’égalité devant la loi et la liberté personnelle, principes essentiels de son gouvernement, ne valent que pour des Blancs ; et pour que sa supériorité reste toujours évidente, il lui faut à toute force et toujours une race inférieure à mépriser :

The old debt due us for being white
Ain’t safe unless we stop the emission
Of these new notes, whose specie base
Is human nature, with no trace
Of race or color or condition[1].

  1. Pour que la vieille dette qui nous est due, à nous Blancs, ne