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Ainsi les distinctions de races que les Européens avec leur esprit provincial font valoir les uns contre les autres dans leurs contestations de frontières et dans leurs querelles de langages, les Américains cosmopolites, qui sur leur territoire rencontrent toutes les races du monde, ne les maintiennent que contre les Noirs et les Jaunes. La race, au sens anthropologique, groupe d’hommes pourvus héréditairement des mêmes caractères physiques, ils y croient : autant leur histoire leur donne confiance dans leur aptitude à assimiler les Européens, autant elle leur fait sentir leur lamentable impuissance à assimiler les races de couleurs.

L’idée de race, telle que le problème nègre l’évoque dans l’esprit des Américains, ce n’est pas une théorie, c’est un fait, une réalité : il y a des hommes noirs tous semblables les uns aux autres, tous issus d’ancêtres semblables entre eux : entre ces Noirs et les Blancs la distinction doit rester nette, absolue :

Quand on discute l’immigration japonaise en Californie, on fait appel le plus souvent à des intérêts égoïstes et à des considérations commerciales. Mais cette question devrait être résolue en s’appuyant sur des principes plus hauts, — à la lumière de notre expérience des cent dernières années. Si les Nègres dans ce pays n’étaient que 100 000, et ne vivaient que dans deux ou trois États riverains de l’Atlantique, accueillerions-nous des quantités d’émigrants de couleur, venant d’Afrique, jusqu’à ce qu’ils se chiffrent par millions ? Je crois que tout Américain qui pense répondra par la négative. Pourtant, ce cas supposé est exactement parallèle à celui qui se présente actuelle-

    soit pas compromise, il faut que nous suspendions l’émission de ces nouveaux billets de banque, dont la garantie est la nature humaine, sans distinction de race, de couleur ou de condition. »