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assuré si elles demeurent sur les continents qui leur ont été assignés par la toute Sage Providence que si on les transplante sur d’autres continents, dans un intérêt de lucre. Les Jaunes pas plus que les Nègres ne peuvent changer de peau : le léopard ne se débarrasse pas de ses taches. Les Japonais, par leur physique, leur religion leurs traditions millénaires, leurs idées sur la vie de famille sont tout à fait différents des Blancs. À supposer que leur assimilation fût aisé et rapide, serait-elle souhaitable ? « Quelle force ou quelle grâce de corps ou d’esprit que nous ne possédions déjà, cette race totalement différente de nous pourrait-elle nous apporter ? »

Tel est l’avis de Spencer dans la fameuse lettre qu’il écrivit jadis au baron Kaneko Kentaro et que tout le monde anglo-saxon a lue et commentée :

À votre question sur les mariages entre étrangers et Japonais, qui, dites-vous, « est très discutée actuellement par nos professeurs et nos hommes politiques » et qui est « un problème des plus difficiles », ma réponse c’est qu’à parler raison, il n’y a pas là de difficulté. Ces mariages devraient être interdits. C’est non pas une question de philosophie sociale, mais une question de biologie. Les preuves ne manquent pas, empruntées aussi bien aux mariages entre races humaines qu’aux croisements entre animaux : sitôt que les variétés qui se mêlent divergent un peu, le résultat est immanquablement mauvais à la longue… Ma conviction est basée sur de nombreux faits, et je viens encore de la vérifier il y a une demi-heure. Je suis à la campagne en compagnie d’un homme bien connu et qui a une grande expérience des croisements entre bestiaux. Il vient de confirmer mon opinion : prenez différentes variétés de moutons, s’il y a croisements entre sujets tout à fait différents, le résultat, surtout à la seconde génération, est mauvais — c’est un incalculable mélange des traits