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Pour le Japonais, il n’en va pas de même. Sa civilisation n’est encore ni chrétienne, ni industrielle. Être soi, être libre, jouir d’un grand bien-être n’est pas l’essentiel de sa formule de vie. Plus que tout, il aime sa terre japonaise[1], rongée de golfes, bossuée de montagnes, aux horizons très proches, de premiers plans et de fonds très marqués, où il vit blotti et qui évoque pour lui tout le passé de sa race ; il est soumis à sa famille et à la nation, famille agrandie dont le père est le Mikado[2] ; il l’aime du même amour que la terre japonaise, parce que son origine divine et l’antiquité de sa famille symbolisent la gloire du Japon chéri des dieux, toujours victorieux, jamais envahi ; de besoins modestes, il a l’habitude de prendre la vie comme elle vient, sans se préoccuper de l’avenir[3]. Son passage aux États-Unis, au lieu d’être le développement de son rêve et l’exaltation des tendances de sa race, marque une rupture dans sa vie : la civilisation qu’il va chercher ne prolonge pas celle qu’il quitte. Ce n’est pas son instinct qui l’y porte, mais

    principes à travers les siècles, jusqu’au temps où l’homme commença d’apprendre à se contrôler et à obéir… La race blanche dominera le monde, non seulement par des victoires militaires mais par la culture qu’ont acquise, à force de sacrifices, tous les peuples qui nous ont précédés, — culture qui prépare les Blancs à partager les devoirs et les responsabilités des citoyens américains. - Hon. J. M. Gearin, op. laud.

  1. Cf. Paix japonaise. Le Paysage japonais.
  2. « Le Japonais hérite d’idées de servitude et de vasselage tout à fait opposées aux idées de responsabilité, d’autorité et de dignité du travailleur américain. Chez nous pas de classes, point de nobles ni de Samuraï, rien que le peuple (we are all plain people). Nos travailleurs sont une partie du gouvernement, ils sont le gouvernement. Chacun son vote, chacun sa voix… » Hon. J. M. Gearin, op. laud.
  3. Cf. Paix japonaise. Routes japonaises et l’Inkyo.