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disperser ces individus dans les groupements purement américains, partis politiques, syndicats, sociétés maçonniques, groupements religieux, les preuves de cette force d’assimilation rendent confiance. Les premières brimades passées, quand les immigrants ont dépouillé leurs oripeaux bariolés et leurs accents de terroir pour se fondre le plus tôt possible dans la masse, le mépris tombe.

Mais tous ces Européens sont faits d’une même étoffe. La culture chrétienne et la vie industrielle les ont rendus individualistes, avec un vif appétit de bonheur, de confort, de puissance et ce sont les tempéraments les plus passionnés, les plus exigeants qui émigrent. Aux États-Unis, leurs instincts comprimés s’épanouissent. L’Amérique, c’est pour ces Européens la terre promise, une terre qui ressemble à celle qu’ils quittent, mais avec des espaces plus grands, des horizons plus vastes, un air plus respirable. Ils ne sont ni surpris, ni contrariés par le déracinement : leur formule de vie ne change pas, mais se développe ; leurs patriotismes d’Europe s’évanouissent devant la joie d’une destinée plus large, plus forte, et leur patriotisme américain est fait de reconnaissance pour une terre et une civilisation qui ont agrandi et réalisé leurs rêves de bonheur[1].

  1. « Nous ne nous opposons pas à l’immigration européenne ; elle est la bienvenue… Aujourd’hui, le sang du citoyen américain est le sang des peuples de l’Europe qui répandirent la civilisation par le monde et rendirent possibles les républiques. Nos arts, sciences, nos lois, nos institutions, notre civilisation, notre religion, nous les tenons des races blanches qui nous ont précédés dans l’histoire du monde… Nous sommes une nouvelle nation, pourtant nous ne sommes pas une race nouvelle : représentants, dans l’Extrême Ouest, de la meilleure et de la plus juste forme de gouvernement, nous pouvons faire remonter l’évolution de nos