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périence que ce sont les Japonais demeurant à l’étranger, et surtout les émigrants, qui ont contribué à développer l’industrie et le commerce du Japon. L’Amérique centrale et l’Amérique méridionale n’étant pas encore entrées dans la sphère du commerce japonais, y envoyer des émigrants est chose excellente pour nous[1] ».

Mais le mouvement est à créer. On se heurte à des préventions, venant de l’ignorance :

Les personnes qui ont songé à partir pour le Chili ou la République Argentine sont très rares. Le public ignore ces pays et les gens instruits ne prennent pas la peine de l’en instruire. Lorsqu’un émigrant désire s’expatrier dans l’Amérique du Sud et qu’il demande un passeport, on le lui délivre sur-le-champ. Les fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères ne s’y opposent pas, mais, comme ils ne sont pas au courant de la situation dans l’Amérique du Sud, ils ne savent que répondre ni que faire quand on leur demande des renseignements. Que le ministère des Affaires étrangères envoie des personnes enquêter sur ces pays, cela coûtera cher, mais puisque d’une telle initiative résulteront des relations meilleures entre le Japon et ces États américains, reculer devant une dépense d’argent serait regrettable[2]… En outre, il faudrait établir des consulats ou légations dans ces diverses républiques. Au Chili et en Argentine les Japonais n’en ont pas : survient une affaire, le gouvernement est obligé de s’adresser à des diplomates étrangers. En Argentine, c’était le ministre du Brésil qui défendait les intérêts japonais… Que ces intérêts n’aient pas été protégés avec toute la sollicitude qu’ils méritent, peut-on en douter[3] ?…

  1. Osaka Shimpo, 24 mars 1907 : La Situation dans l’Amérique du Sud.
  2. Une somme de 30 000 yen a été inscrite au budget de 1908 pour couvrir les frais des enquêtes déjà entreprises.
  3. Toyo Keizai Shimpo, 15 novembre 1900.