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est favorisé par le Mikado lui-même. Les matelots sont tous japonais et les officiers parlent couramment l’espagnol ; le Mikado avait imposé cette dernière condition à la Compagnie maritime[1].

  1. Quelques Chiliens s’émeuvent déjà de ce débarquement de Japonais. L’American Review of reviews de novembre 1907 cite un curieux article paru dans le Mercurio de Valparaiso sous la signature de Mr. Augustin Edwards qui, comme membre du Congrès, ministre des Affaires étrangères, ministre en Espagne et Italie, a pris une part importante dans les affaires chiliennes. Il est le propriétaire et le directeur des six principaux journaux chiliens.

    « Le manque de main-d’œuvre entrave les principales industries du Chili, plus particulièrement l’exploitation du cuivre et du nitrate. Comme remède, un parti politique a conseillé une immigration asiatique. Les nouvelles que les journaux des États-Unis nous apportent lui donneront à penser. Les opinions du comte Okuma dans un article publié, il y a quelques semaines, dans le Tôkyô Keizai Zasshi sont une menace pour la tranquillité du Mexique, du Pérou et du Chili. Il préfère, dit-il, que l’on dirige l’émigration japonaise vers le Chili, le Mexique et le Pérou, plutôt que vers le Brésil, parce que ces pays seront plus faciles à comprendre dans la sphère d’influence du Japon. Le comte Okuma rend un grand service à l’Amérique et surtout au Chili en lui révélant de tels projets. Il estime que le Chili sera un bon asile pour l’excès de population du Japon, et il décrit le brillant avenir que nous aurions si notre côte, dans sa longueur, servait de station navale au Japon, dont les forces navales et militaires ne sont pas des forces de parade.

    « … La doctrine de Monroe a longtemps excité en Europe et dans les républiques de l’Amérique du Sud une jalousie et des soupçons immérités. Bien qu’elle ne vise pas spécifiquement les tentatives d’empiétement de la part d’une puissance asiatique nul doute qu’elle ne devienne une pièce de la politique des États-Unis à l’égard de l’Asie et je prétends que, sur ce point, les États-Unis seront soutenus par l’Europe et par les républiques de ce continent. Elle servira de lien à une union panaméricaine qui s’étendra du détroit de Bering au cap Horn, limite infranchissable aux ambitions exagérées des compatriotes du comte Okuma. Les puissances européennes ont reconnu notre indépendance et cherchent seulement sur notre territoire une expansion commerciale ; nous les accueillons cordialement avec l’amitié qui unit de vieux et de jeunes membres d’une même famille. Contre les Asiatiques au contraire, la doctrine de Monroe est le programme com-