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Au Brésil, avant la guerre contre la Russie, le Japon était déjà représenté par un chargé d’affaires, qui, en l’absence de citoyens ou de sujets japonais à protéger, avait pour mission d’étudier les provinces du sud du Brésil, en vue d’y diriger une émigration japonaise. Il avait déjà visité la province de São Paulo quand la guerre éclata. Temporairement abandonnée, l’idée vient d’être reprise.

Depuis l’enquête qu’il a entreprise en 1902 sur ses nationaux de la province de São Paulo, le gouvernement italien empêche de nouveaux départs de ses émigrants aux frais de cette province. Quelle main d’œuvre suppléera ces Italiens, au service du tyran du Brésil, King Coffee ? En hâte, il faut aviser. Des Européens ? Mais de tous les Européens, en pays semi-tropicaux, les Italiens sont les plus résistants et les moins fiers des travailleurs, et voilà qu’ils ne viennent plus. Les Chinois ? Mais depuis vingt ou trente années qu’ils sont au Brésil, ils n’y ont pas réussi comme travailleurs. Ce sont des fainéants, disent certains Brésiliens ; ce sont des commerçants, affirment les autres : fainéants ou commerçants, c’est tout comme, pour des Brésiliens désireux surtout de trouver des étrangers qui se donnent la peine de gratter leur sol. Et l’on pense alors aux Japonais : population travailleuse, de besoins modiques, c’est ce qu’il faut aux planteurs intéressés dans le café de


    mun et nécessaire à tous les Américains. S’il est encore un pays sur ce continent qui se défie de cette doctrine, qu’il entende l’avertissement du comte Okuma : les forces militaires et navales du Japon ne sont pas des forces de parade et la côte occidentale de l’Amérique du Sud est dans la sphère d’influence du Japon ; alors le grand peuple des États-Unis qui a défini la doctrine de Monroe sera traité comme notre meilleur ami et notre allié le plus solide. »