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tion navale des États-Unis ? Le rivage californien est américain aussi bien que le rivage du Massachussetts ; mais pourquoi transférer d’un coup, sur cette côte que quelques croiseurs suffisaient à protéger, toute la flotte américaine, et cela au moment où les relations des États-Unis avec le Japon n’étaient pas normales ? Le gouvernement fédéral avait-il de si pressants motifs d’être agréable aux gens de San Francisco ?

Départ de la flotte, élection prochaine d’un président : les adversaires de M. Roosevelt n’ont pas manqué de rapprocher ces deux faits : « La croisière dans le Pacifique ne marque-t-elle pas l’ouverture de la campagne présidentielle ? » demandait The World. Les bateaux arriveront à San Francisco vers la mi-avril 1908 et feront leurs tirs d’essai au moment où l’on commencera d’élire les délégués à la Convention nationale, qui choisira le candidat républicain à la Présidence : la visite de la flotte en divers États du Pacifique pourra regagner des voix au parti républicain. En cas de complications internationales, la réélection de M. Roosevelt serait acclamée. Des milliers d’orateurs, des milliers de journalistes surgiraient pour expliquer aux électeurs qu’en cette crise ils doivent conserver leur président ou élire son candidat… « Quelle différence d’ouvrir une campagne présidentielle avec des discours ou de l’ouvrir à coups de canons, tonnés par 16 cuirassés de premier rang ! »

Approuvé par tous les journaux de l’Ouest, par le New-York Herald et ses correspondants de province et par les feuilles jingoïstes de M. Hearst, ce projet a été critiqué violemment par les grands journaux conservateurs de New-York, The Times, The World, The Evening Post, et surtout the Sun : « Envoyez la flotte