Page:Aubert - Américains et Japonais, 1908.pdf/302

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pense à une guerre que l’adversaire pourra quelque jour lui imposer, sans qu’elle en choisisse le moment ; elle « s’entraîne » à ce qu’elle considère un peu comme l’inévitable.

Le plus fort calmant du chauvinisme yankee sera toujours le risque d’une défaite initiale et la grande difficulté d’une revanche. En cette guerre navale, les territoires des belligérants n’auraient pas à craindre l’invasion ; mais que deviendraient les colonies éloignées des États-Unis ? À moins que la guerre n’éclate seulement après la mobilisation des flottes américaines à Cavite, les Philippines sont exposées à un coup de main : la base japonaise de Makung dans l’archipel des Pescadores n’est guère plus distante de Manille que ne l’était de Port-Arthur Sasebo, base navale des Japonais pendant la guerre contre la Russie. Les Philippines ne peuvent être défendues que par les escadres américaines : les soldats indigènes ne sont ni assez sûrs, ni assez instruits pour résister à un envahisseur bien organisé, et les quelque dix mille hommes du corps d’occupation, dispersés dans toutes les îles, ne suffiraient pas à repousser le débarquement d’un ennemi maître de la mer. Or, à supposer qu’elle y fût déjà concentrée, il serait bien difficile d’entretenir toute la flotte américaine aux Philippines : surcroît énorme de dépenses, un long séjour en ce climat tropical serait impopulaire parmi les équipages. Les îles n’ont pas de base suffisamment équipée pour une pareille armée navale. Comme troupes de terre, 4 000 hommes