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environ autour de Manille, où les Japonais peuvent jeter 25 000 hommes ! et pour augmenter cette garnison, il faudrait refondre tout le système militaire des États-Unis. Un crédit de 6 500 000 dollars a été affecté en février 1908 à la construction de défenses dans la baie de Manille ; mais, à 50 kilomètres au nord-ouest, s’ouvre la baie de Subic et, à 160 kilomètres, Ligayen, où l’ennemi pourrait débarquer et, de là, gagner la capitale sans difficulté. On a bien commencé de protéger la baie de Subic, mais « les défenses côtières d’Hawaï, des Philippines et du canal de Panama sont encore incomplètes, déclarait M. Taft, en février 1908, à l’occasion de l’anniversaire de Washington. En cas de guerre, nous payerions cher tout retard. Nous améliorons peu à peu nos moyens de défense, qui seront supérieurs à ce qu’ils ont jamais été, pourvu que nous évitions toute guerre d’ici à dix ans ».

Maîtres des Philippines et de l’île de Guam, les Japonais seraient désormais inattaquables dans le Pacifique occidental. À quinze jours de mer de toute base d’opérations américaine, ayant leurs forces rassemblées et appuyées, ils demeureraient probablement sur la défensive, assurés contre tout risque de revanche : car, à supposer même que les Hawaï restassent aux États-Unis, comment une flotte américaine pourrait-elle, sans points de relâche, gagner les Philippines et risquer de s’y heurter à toute la flotte japonaise ? Il lui faudrait charbonner en plein océan. Et même si les Japonais étaient alors forcés d’évacuer les Philippines, ils y détruiraient arsenaux et approvisionnements, empêchant ainsi la flotte américaine de s’y refaire.