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Les Japonais s’empareraient probablement des Hawaï, avant que les renforts américains n’y parvinssent. Les îles actuellement ne sont pas sérieusement fortifiées et leur garnison est insuffisante. En 1900 déjà, on y comptait 43 753 Japonais mâles ayant plus de dix-huit ans, soit 51,39 p. 100 de la population capable de se battre : avant même l’arrivée d’une escadre japonaise, les îles seraient acquises au Japon et le Soleil levant y flotterait. Plus encore que la prise des Philippines, cette prise des Hawaï, centre du Pacifique oriental, pèserait sur la suite de la guerre : la base navale des États-Unis serait encore reportée de 2 200 milles en arrière, et, fortifiées par les Japonais, ces îles ceinturées de récifs où l’on ne peut débarquer qu’en quelques passes, seraient très difficiles à regagner.

Perdant, en cas de défaite, tous les points d’appui nécessaires à leur expansion économique et politique au travers du Pacifique, quels avantages les Américains auraient-ils à attendre d’une victoire ? Les Philippines suffisent à leur vocation coloniale : ils ne souhaitent pas Formose. Ils pourraient imposer une révision du traité de 1894 et interdire aux coolies japonais l’entrée des États-Unis ; mais le risque des entrées en fraude resterait aussi fort et exigerait du Bureau de l’immigration les mêmes mesures de précaution.

L’Est des États-Unis est hostile à la guerre : la Nouvelle Angleterre traite une telle éventualité d’absurde. New-York et le pays entier sont présentement absorbés par la campagne présidentielle et par les suites de la crise financière et économique : un conflit armé, dont le début au moins risquerait de