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s’enfuir[1]. » Chaque fois qu’il prenait vigoureusement le parti des Japonais, on l’encourageait ; on soulignait « la différence entre l’attitude si énergique du Président et celle de son peuple ». Suprême compliment : « C’est à croire que M. Roosevelt est un diplomate japonais[2]. »

Pour ne pas donner au monde le spectacle de son impuissance, le gouvernement de Washington était tenu d’obtenir justice de la Californie. Le Japon n’avait qu’à patienter : « Le gouvernement américain a les mêmes idées que nous. Nous n’avons qu’à observer sa conduite et attendre les résultats de son action… Je ne veux pas dire que nous les attendions indéfiniment… Si la solution était défavorable, l’incident tournerait en un conflit ; c’est l’antijaponisme qui en deviendrait alors le sujet et, à dater de ce moment, une intervention diplomatique pourrait s’exercer[3]. »

On vit alors le successeur du président Mac Kinley qui, dix années auparavant, pour menacer l’Espagne avec plus d’autorité, avait insisté sur le caractère national du pouvoir fédéral, être obligé cette fois d’insister sur le caractère fédéral du gouvernement national pour s’excuser de ne pouvoir faire observer un traité que la constitution des États-Unis reconnaît pourtant comme la loi suprême du pays. Il fut obligé de négocier, de puissance à puissance, avec le Board of Education de San Francisco dont il ne

  1. Tôkyô Keizai Zasshi, 10 novembre. Les Garanties d’une Paix japono-américaine, par M. Kitazaki.
  2. Taiyo, février 1907.
  3. Déclarations du comte Hayashi, ministre des Affaires étrangères, à la Chambre des représentants, le 29 janvier 1907. Citées in extenso par l’Asahi Shimbun du 1er février.