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pouvait casser la décision. À cette commission municipale, il dépêcha un ambassadeur extraordinaire, le secrétaire Metcalf, chargé de lui faire observer que son attitude « compromettait les intérêts commerciaux des États-Unis, non seulement au Japon, mais en Chine et en Extrême-Orient », chargé aussi de l’émouvoir en rappelant que « le Japon, par l’intermédiaire de la Croix-Rouge, avait envoyé plus de 100 000 dollars pour venir en aide aux gens de San Francisco après le tremblement de terre et le feu ». Au lieu d’exiger de ses citoyens l’obéissance à la loi, le gouvernement les priait de bien vouloir la respecter, et il prêtait ses conseils à des étrangers pour réclamer des tribunaux américains qu’ils assurassent le respect de cette loi. Étrange world-power qui a « the ships, the men and the money too » et qui, cinq mois durant, négocie avec une de ses villes parce qu’elle met un pays de 80 millions d’habitants en danger de guerre ! étrange pouvoir mondial qui n’est pas maître chez soi ! quel crédit peuvent inspirer ses traités et ses alliances dont les stipulations sont à la merci des décisions ou des gestes d’un comité ou d’une foule irresponsables ?

Un Japonais, dans une lettre adressée au Sun, le 31 octobre 1906, rappelait ironiquement deux cas où, avant la révolution du Meiji, le gouvernement central du Japon fut incapable d’obliger une province à satisfaire un étranger contre une violation de traité. Dans le premier cas (meurtre d’un Anglais qui avait coupé le cortège d’un daïmyo de Satsuma), le Shôgun avait répondu aux observations de Londres qu’il était sans autorité pour exiger satisfaction : un vaisseau de guerre anglais força le daïmyo à payer une indem-