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en Amérique, n’ait de sens et d’avenir qu’en Corée et en Mandchourie ?

Il est bien vrai que certaines régions des îles du Japon sont très densément peuplées, mais de même que l’on a attribué trop d’importance parmi les causes de la guerre contre le Russe, à la nécessité de trouver sur le continent asiatique un territoire où déverser le trop-plein de la population, de même on est porté à exagérer l’influence de la densité de la population japonaise sur le grand mouvement d’émigration qui suit la victoire. Avant la guerre, il y avait environ 150 000 Japonais résidant hors du Japon : pour une population de 48 millions d’habitants qui, à les entendre, étouffaient dans leurs îles, c’était fort peu[1]. La vraie cause de la guerre, ce fut un sentiment impérialiste, le désir d’imposer à l’Extrême-Orient la haute direction du Japon qui « en Asie est comme la tête » et l’ambition de se faire reconnaître par l’Europe comme une puissance de premier rang, dont l’alliance importe dans les combinaisons de la politique mondiale.

Le mouvement actuel d’émigration, qui avait commencé avant la guerre, fut, au même titre que la guerre, une conséquence du sentiment impérialiste ; depuis la victoire, noblesse oblige, et de lui-même le mouvement s’accélère : chaque émigrant une fois installé à l’étranger faisant venir les siens. Il faut

  1. Un Japonais, M. Takano Iwasaburo, a montré récemment dans la Kokka Oahu kai Zasshi que le taux d’accroissement de la population au Japon n’est pas exceptionnel ; qu’il est à peu près aussi grand en Écosse, Danemark, Canada, et plus considérable en Allemagne, Suisse, Hollande, Norvège. (Bulletin du Comité de l’Asie française, janvier 1906, p. 40.)