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des Japonais venant pour la première fois sur le continent, les Japonais établis auparavant en Amérique et ayant le droit d’aller pour un temps au Japon puis de rentrer aux États-Unis, ainsi que les Japonais nés aux Hawaï, qui ont le droit de naturalisation. Le contrôle des Japonais qui se servent des frontières canadienne et mexicaine pour échapper aux agents de l’émigration[1] est plus compliqué que le contrôle des Chinois usant de la même fraude. Les Japonais sont de tempérament plus agressif. L’interdiction pique leur ambition et leur amour-propre. Ils ont l’avantage sur les Chinois d’entrer plus librement au Canada et plus librement aussi de se servir de la frontière américo-canadienne ; ils ont l’avantage sur les Chinois de n’être pas sous le coup d’une loi d’exclusion, c’est-à-dire qu’ils ne sont pas passibles de poursuite puis d’expulsion.

Ébranlé sans doute par ces résultats, par les réclamations des Américains que venaient renforcer les évènements de Vancouver, et aussi, malgré l’assurance que le président Roosevelt y mettrait son veto, par la menace d’une loi d’exclusion blessante pour l’amour-propre national, le gouvernement japonais, en octobre et novembre 1907, a annoncé qu’il comptait prendre de nouvelles mesures pour arrêter ces départs. Le comte Okuma, naguère opposé à toute restriction de l’immigration, bien que déplorant l’aveuglement américain, déclara que le gouvernement de Tôkyô aiderait les Américains à prévenir l’émigration japonaise. Le 9 novembre, le comte Hayashi, ministre des Affaires étrangères, disait : « La grave

  1. Cf. pp. 239 et 255.