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Pourquoi avoir tant tardé ? Et qu’attendre désormais des promesses japonaises ? Les chiffres de l’immigration japonaise aux États-Unis, depuis 1901, depuis une année surtout, suggèrent aux Américains ce dilemme : ou bien le gouvernement de Tôkyô a pris réellement les mesures qu’à maintes reprises il a annoncées, et les faits accusent son impuissance, ou bien il n’a pas tenu sa promesse et comment le croire davantage en janvier 1908[1] ?

Admettons que le gouvernement japonais soit de bonne foi dans ses promesses. Il refuse de se lier par traité ; il restera juge du nombre de passeports à délivrer. Toutefois, malgré cette satisfaction d’amour propre, empêcher ses émigrants d’aller dans l’Amérique du Nord, n’est-ce pas accepter que ses sujets soient traités en Amérique autrement que les immigrants européens ? Se résignera-t-il toujours à ce

  1. Dans le même Japan Weekly Chronicle, qui énumérait quelques jours auparavant les très sévères restrictions apportées aux départs pour les Hawaï, on lit, le 24 octobre 1907 : « L’Official Gazette annonce que la demande faite par l’agent des Chargeurs réunis à Yokohama de transporter des émigrants japonais par l’Amiral Exelmans est accordée. Honoloulou est leur destination ; la durée du voyage entre Kobé et Yokohama est fixée à trente-six heures, entre Yokohama et Honoloulou à quatorze jours. Le nombre des émigrants par voyage ne doit pas dépasser 1 000. Cette permission du 20 octobre est valable jusqu’au 19 novembre. » Ainsi, en novembre 1907, au moment où il parlait de supprimer les départs pour les Hawaï, le gouvernement japonais emplissait encore de coolies le réservoir hawaïen. Et la récente interdiction de partir aux Hawaï n’est pas aussi absolue que la première déclaration du comte Hayashi le laissait croire : pour janvier 1908, 23 compagnies d’émigration ont eu l’autorisation d’envoyer chacune aux Hawaï 11 émigrants, soit 253 émigrants qui peuvent emmener avec eux leurs femmes et leurs enfants de moins de douze ans. Cf. pp. 105-106.