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Ce n’est pas sa situation financière qui empêcherait le Japon de faire la guerre, mais en dehors d’une indemnité et d’une augmentation de crédit, que pourrait lui rapporter une victoire sur les Américains ?

Le contrôle de l’isthme de Panama ? Mais à supposer que les Japonais puissent l’obtenir par conquête ou négociations, mieux vaut laisser pendant dix années encore les Américains le percer à coup de millions. Et jamais l’Europe ne permettrait la substitution d’un contrôle japonais au contrôle américain ; elle exigerait l’internationalisation de cette porte du Pacifique.

Les Hawaï, point de relâche incomparable dans le Pacifique nord seraient de bonne prise. Mais pourquoi se hâter ? Dans ces Hawaï que les Japonais ont conquises économiquement, le temps travaille pour eux ; le nombre des enfants, qui y naissent et qui pourront demander la naturalisation américaine, leur donnera un jour l’influence politique. Qu’ajouterait à ces perspectives d’avenir une possession immédiate ? Des risques sans doute. Plus proches d’un millier de milles de San Francisco que de Yokohama, les Hawaï à protéger seraient une cause de faiblesse pour l’Empire dont l’avantage présent sur les États-Unis vient du groupement de ses possessions.

Maîtres des Hawaï, les Japonais tenteraient-ils de bombarder quelques villes sur le continent américain ? Mais auparavant ils auraient dû détruire toute la flotte américaine ; les ports du Puget Sound seraient protégés contre des obus venant de la haute mer ; San Francisco est encore à moitié renversée ; les