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Les budgets japonais témoignent présentement d’un grand optimisme. Que d’ici quelques années de mauvaises récoltes et les faillites de quelques centaines d’entreprises trop hâtivement montées déterminent une crise analogue à la crise[1] que valut à l’Allemagne son essor économique après le traité de Francfort, et les raisons financières seront peut-être alors plus efficaces qu’elles ne peuvent l’être maintenant, en pleine confiance, pour combattre, le cas échéant, le désir d’une guerre. On ne prête pas encore attention à l’énorme part de crédit qu’implique la prospérité. Il a fallu à l’Allemagne de longues années pour que sa situation économique et financière tempérât son ardeur à continuer sa fructueuse industrie de la guerre. Elle fut plus près de recommencer la guerre contre la France pendant les dix années qui suivirent sa victoire de 1870-1871 qu’elle ne l’a été réellement depuis.

S’il ne s’agissait que de la paix de l’Orient, les armements du Japon paraîtraient superflus. Quelle puissance militaire, sauf peut-être un jour la Chine transformée, pourra jamais en Extrême-Orient lui opposer des forces semblables ? Pourtant le Japon se hâte d’augmenter ses divisions et de construire des cuirassés : est-ce au réveil de la Chine ou à l’ambition américaine qu’il songe ?

  1. À peu près en même temps que les États-Unis, le Japon a traversé une crise financière, mais beaucoup moins grave que la crise américaine. Faillite de trois ou quatre négociants en cuivre à Osaka ; faillite de trois banques à Tôkyô ; démission du baron Sakatani, ministre des Finances et de M. Yamagata, ministre des Communications, voilà les signes les plus importants de l’exagération du crédit dans les finances privées et publiques.