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conspirateurs qui avaient intérêt, pour encourager leurs partisans, à faire valoir l’influence qu’ils disaient posséder sur le gouvernement du Japon.

Les victoires japonaises ont excité les Philippins qui rêvent d’indépendance et qui, en dépit de la généreuse et humaine politique instaurée par M. Taft, condamnent en bloc la domination américaine : de lourds impôts et des milices parfois brutales l’ont rendue impopulaire. Des étudiants philippins séjournent au Japon et y intriguent ; à Manille on rencontre des Japonais, artisans, charpentiers surtout, ou voyageurs de passage dont on se méfie ; on disait en 1907 qu’une colonie de soixante femmes japonaises installées à Olongapo, station navale dans la baie de Subic, avait renseigné leur gouvernement sur cette place que les Américains arment fiévreusement.

Les Japonais, maîtres de Formose, savaient avant 1898 que les Philippines échapperaient à l’Espagne ; ils savent depuis 1898, que les Américains, n’y resteront pas toujours, mais désirent-ils faire une guerre pour les prendre ? Présentement ils sont pourvus : la Corée et la Mandchourie à peupler d’émigrants, les côtes des Amériques à jalonner de Shin Nihon, voilà des tâches plus importantes que de s’installer aux Philippines, très peuplées et trop chaudes pour le tempérament japonais. À maintes reprises, ils ont assuré le gouvernement de Washington qu’ils ne convoitaient pas les Philippines[1]. Le secrétaire Taft, dans son discours du

  1. Cf. Osaka Shimpo, 13 octobre 1907. Les Philippines ont toujours été l’occasion de déceptions pour leurs propriétaires Espagnols ou Américains. Prendre ces îles ne serait pas encore une bonne affaire. Et si les Américains en proclamaient maintenant l’indé-