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cette révolte. Autant que les Européens par leur brutalité et leurs appétits[1], le Japon par l’exemple de sa réussite et par sa propagande est responsable du formidable développement que prend en Chine le mouvement réformiste. Si puissant que soit le Japon, il ne peut prétendre diriger ce mouvement trop vaste pour que les effets en soient prévisibles ; il sent bien que sa propagande y est débordée, qu’elle mène à la

  1. Depuis une année les relations sino-américaines se sont améliorées. Les Chinois aux États-Unis ont été mieux traités. Le commissaire général de l’immigration avoue que « pendant le boycott il n’eût pas été sage d’arrêter, comme de coutume, les Chinois trouvés en fraude en Amérique ». Dans son rapport pour l’année fiscale 1906-1907, M. Sargent estime que les lois d’exception votées contre les Chinois, depuis le traité sino-américain du 17 novembre 1880 jusqu’à l’acte du 27 avril 1904, ne sont pas heureuses. Il fait valoir l’utilité qu’il peut y avoir pour les États-Unis dans un avenir prochain, à se concilier les sympathies du gouvernement chinois : le souvenir du boycottage organisé par les guildes chinoises contre les marchandises américaines est encore cuisant. Il souhaite qu’un traité sino-américain soit signé, par lequel la Chine s’engagerait à n’envoyer aucun coolie aux ÉtatsUnis, tandis que les Américains accueilleraient les commerçants, les étudiants et les voyageurs chinois.

    Au surplus, les Chinois ont bénéficié de l’antijaponisme : les Californiens les préfèrent aux Japonais et, dans l’Est des États-Unis, pour protester contre le projet d’étendre l’exclusion act des Chinois aux Japonais, quelques hommes politiques, des universitaires, des missionnaires, des capitalistes et aussi des ouvriers qui, ayant fui aux États-Unis l’oppression de leur pays, ne veulent pas que leurs compatriotes soient empêchés d’y venir par des restrictions de l’immigration en général, — tous ces hommes, soutenus par l’American economic association et l’International missionary union, ont créé un mouvement en faveur de l’admission des Chinois. À la Chambre des représentants, un bill, dit Foster Bill, demande, — sans qu’on puisse s’attendre d’ailleurs à un succès immédiat, — l’abolition de l’exclusion act. Le gouvernement de Washington a averti le gouvernement chinois, qu’il n’avait pas l’intention de toucher la totalité de l’indemnité qui lui est due par la Chine, depuis la campagne internationale de 1901. Cette indemnité s’élevait à 24 millions de dollars à payer