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perdre leur clientèle chinoise, mais le Japon pour ses exportations extrême-orientales a besoin du coton, des machines, des capitaux américains. À quoi bon évincer les États-Unis du marché chinois si c’est au profit d’un tiers, de l’Allemagne par exemple, dont les marchandises et les navires se multiplient en Extrême-Orient, de l’Allemagne, dont c’est l’intérêt depuis la défaite russe de détourner de Kiao-tchéou l’attention japonaise et de profiter d’une guerre où s’useraient ses rivaux américains et japonais pour fortifier son influence chancelante en Chine ? Les journaux de Tôkyô ont souvent dit que le Kaiser était derrière les États-Unis et qu’il les excitait contre le Japon.

La crainte du problème chinois, on la sent dans les traités que le Japon depuis deux ans s’est hâté de conclure avec les puissances européennes. Lisez le traité anglo-japonais, les accords franco-japonais et russo-japonais : la Chine n’y est pas partie, mais c’est le tiers, dont on s’occupe. On ne la consulte pas, mais on la surveille ; malgré elle, on entend la protéger, et ses protecteurs se hâtent de prendre des assurances les uns contre les autres, tant ils craignent qu’une crise subite ne les oblige à intervenir.

À la rigueur, ces accords garantissent au Japon que l’Angleterre, la France et la Russie n’attaqueront pas la Chine, mais ils ne peuvent l’assurer contre les risques d’une révolte chinoise ; or c’est non seulement contre la politique des sphères d’influence en Chine que le Japon désire prendre des précautions, au cas où des troubles nécessiteraient une nouvelle intervention des grandes puissances, mais encore et surtout contre les dangers directs que lui ferait courir