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matie anglaise n’avance-t-elle en cette affaire qu’avec une extrême prudence ; elle jure que tout s’arrangera et prêche le calme. Alliée du Japon et comptant parmi ses sujets des centaines de millions d’Asiatiques, la Grande-Bretagne, ne peut prendre ouvertement contre les Asiatiques le parti des États-Unis : à l’exemple des Japonais, les Hindous protestent violemment contre les traitements que leur réservent le Canada et le Transvaal, dépendances de l’Empire, traitements aussi durs que ceux qu’ils ont à subir aux États-Unis. Mais au Canada, en Australie, les intérêts de l’Empire britannique, sur cette question de l’immigration asiatique, le rapprochent au contraire des États-Unis[1].

En cas de guerre entre les Américains et les Japonais, il serait très difficile aux Anglais de garder une absolue neutralité ; ils auraient « to keep the ring ». Quel que soit le vainqueur, l’Angleterre risquerait de perdre un ami ou un allié, les deux peut-être, que sa neutralité aurait fâchés. Japonaise ou Américaine, la marine victorieuse gagnerait en puissance, en prestige, or l’Angleterre préfère de nombreuses marines moyennes à une très forte marine rivale.

Bien que son alliance avec le Japon n’ait plus la même valeur depuis l’accord anglo-russe, l’Angleterre occupée en Europe par l’Allemagne a besoin d’un allié dans le Pacifique : elle ne pourrait donc souhaiter la défaite du Japon. Mais elle n’aurait non plus aucun intérêt à ce que les États-Unis fussent battus ; le Canada et l’Australie manifesteraient très haut leurs sympathies pour la cause américaine : c’est leur

  1. M. Deakin, premier ministre australien, a invité la flotte américaine à visiter l’Australie. L’invitation a été acceptée.