Page:Aubert - Américains et Japonais, 1908.pdf/399

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

guerre que livreraient les États-Unis. Et cette guerre à laquelle l’empire anglais ne prendrait pas part réglerait cette question de l’émigration des Jaunes qui le touche de si près ! Vainqueurs, les Japonais obtiendraient du même coup pour leurs nationaux l’entrée libre dans toutes les communautés anglo-saxonnes du Pacifique, États-Unis, Canada et Australie ; battus ils verraient s’aggraver contre eux les rigueurs des lois d’immigration : à de telles solutions extrêmes mais instables, les Anglais préfèrent un compromis. Voisin des États-Unis au Canada et aux Antilles, concurrent du Japon en Extrême-Orient, les Anglais auraient tout à craindre, pour leur influence économique et politique en Amérique ou en Asie, de la victoire des États-Unis ou du Japon : l’impérialisme de l’Amérique est sorti de sa victoire sur l’Espagne ; l’impérialisme du Japon de sa victoire sur la Russie. Les compagnies de navigation anglaises, les constructeurs de bateaux, les filateurs de coton se plaignent déjà de la concurrence japonaise en Extrême-Orient, dans la Chine du nord, en Mandchourie et en Corée à moitié fermés désormais au commerce anglais[1].

La nouvelle des troubles antiasiatiques de Vancouver ne déplut pas aux Américains ; les journaux yankees s’écrièrent : « C’est bien le tour des Anglais qui nous ont tant sermonnés » Les Anglais, en effet, intéressés à amenuiser le conflit, n’ont jamais été tendres pour le jingoïsme américain et se sont montrés très hostiles au départ de la flotte. Il est

  1. Cf. les plaintes de sir Thomas Sutherland à l’assemblée annuelle de la Peninsular and Oriental Steam Navigation Co., de M. F. A. Mc. Kenzie, etc.