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Tôkyô comme à Londres, sur un mot d’ordre officiel, on atténuait l’incident : il était, disait-on, bien moins grave que les incidents de San Francisco. Japonais et Anglais, de leur côté, remarquèrent que ces troubles de Vancouver organisés à l’instigation d’agitateurs américains réjouissaient vraiment trop les Yankees.

Sèchement et avec une certaine impatience le Times signifia aux Américains que sans doute la question japonaise présentait pour les Anglais et les Américains certaines analogies de détail, mais que si on l’étudiait en « ses plus larges aspects il était faux de parler de l’Angleterre et l’Amérique « being in the same boat » :

Les Japonais sont les alliés de l’Angleterre : les deux peuples se sont liés par traité solennel pour des raisons de grande et durable importance. Cette seule considération devrait convaincre tous les hommes de sens commun que dans cette question de l’immigration japonaise nous ne pouvons avoir la même attitude que les États-Unis… Si quelque chose peut empêcher ou retarder la solution de cette affaire, c’est la dangereuse affirmation, impliquée dans maints articles et propos sur ce sujet en Amérique, que le Japon accepterait comme une chose qui va de soi, d’arrêter l’émigration vers l’Amérique, si l’Amérique et l’Angleterre le lui demandaient.

À la veille du départ de la flotte pour le Pacifique, cette critique anglaise et aussi ce parti pris anglais de leur fausser compagnie a désappointé et froissé beaucoup d’Américains. Il ne faut pas attacher trop d’importance à la sortie violente que fit M. Hearst, le démagogue millionnaire, contre l’opinion anglaise : au correspondant du Times en Amérique qui avait