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absurde et dangereux d’essayer d’intimider le Japon par une telle mesure d’agression, disait Ed. Dicey dans l’Empire Review[1], et le Times déclarait : « La question sera résolue à l’amiable, non pas à cause mais en dépit de l’envoi de la flotte dans le Pacifique[2]. »

L’entrée comme tiers dans cette mauvaise affaire de l’Anglais donneur de conseils fut agréable aux Américains, qui crurent que, se substituant à eux, il allait prendre l’affaire en mains. Si l’Angleterre obtenait des Japonais, ses alliés, qu’ils reconnussent son droit à régler l’immigration au Canada, comment le refuseraient-ils aux Américains qui, plus avisés que les Canadiens, avaient expressément réservé ce droit dans leur traité avec le Japon ?

Articles de journaux et interviews[3] aux États-Unis annoncèrent à l’envi que depuis les émeutes de Van- couver les États-Unis et l’Angleterre « were in the same boat ». Nous sommes partners, s’écriait-on : « l’arrangement du problème de l’immigration ne doit pas être au-dessus des forces de la diplomatie anglo-américaine ».

Mais assez vite les Américains s’aperçurent que ces troubles de Vancouver ne les servaient ni auprès du Japon ni auprès de l’Angleterre. Ils sentirent qu’à

  1. Novembre 1907.
  2. Times, 8 octobre 1907.
  3. Cf : en particulier l’interview de Mr. L. E. Wright, ex-ambassadeur des États-Unis au Japon, Times, 8 octobre 1907. La presse de New-York a souvent discuté l’attitude possible de l’Angleterre en cas de guerre entre les États-Unis et le Japon. Vers la mi-janvier 1908, le New-York Sun déclarait qu’une alliance offensive et défensive entre l’Angleterre et les États-Unis serait accueillie par les Américains avec allégresse.