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bons rapports puissent se renouer entre les deux peuples. Mais l’accord conclu était-il bien utile ? Depuis sa victoire sur la Russie, le Japon, occupé en Corée, en Mandchourie et en Chine, ne convoite pas l’Indo-Chine : battu il eût été plus dangereux pour notre colonie, car repoussé définitivement de l’Asie du Nord il eût cherché une revanche dans le Sud ; or l’Indo-Chine était à prendre. Au reste c’est notre entente cordiale avec l’Angleterre, alliée du Japon, qui continuera, après comme avant notre accord avec le Japon, de protéger réellement l’Indo-Chine[1].

  1. « On peut assigner comme causes à cet accord, d’une part les sympathies projaponaises du cabinet Clemenceau et d’autre part la politique pacifiste du cabinet Saionji. Mais la cause principale en est le rapprochement de la France et de l’Angleterre. » Jiji Shimpo.

    L’accord garantit aux Japonais en Indo-Chine des avantages dont ils sont hommes à tirer parti. « Afin d’élargir les relations des deux pays, les gouvernements ont publié une déclaration qui assure le traitement de la nation la plus favorisée aux sujets et fonctionnaires du Japon en Indo-Chine et aux sujets et protégés de l’Indo-Chine dans l’Empire du Japon. Jusqu’à présent, comme les Asiatiques ne jouissaient pas des mêmes privilèges que les Européens en Indo-Chine, les Japonais qui résident dans cette colonie ont eu à payer la capitation, l’impôt sur les animaux domestiques et à subir par ailleurs divers désagréments. Il y a quelques années, lorsque des Japonais furent envoyés par le ministère des Finances pour étudier le fonctionnement des douanes en Indo-Chine, on s’opposa à leur débarquement, et ils durent passer plusieurs jours en quarantaine. Pêcheurs de nacre dans le golfe du Tonkin, nos compatriotes, assimilés aux Chinois, ont eu jusqu’à présent à subir des tracasseries de la part des autorités ; et l’on n’avait pas fait droit aux réclamations de notre gouvernement. La déclaration met heureusement fin à cet état de choses. » Jiji Shimpo. Et le Yomiuri Shimbun déclare : « Le Tonkin, grâce au développement du programme inauguré par MM. de Lanessan et Doumer, va devenir une mine de richesses digne d’être comparée à l’Inde, et un marché ouvert à la nation amie. » C’est également l’opinion du Manchyo, quoiqu’il l’exprime avec mauvaise humeur : « Y a-t-il vraiment lieu de crier tant de