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la guerre contre la Chine ou la guerre contre les États-Unis qui sortira des décisions du Mikado et des genro ? Les événements plus encore que les hommes fixeront le choix du Japon. Présentement l’inquiétude du problème chinois empêche le Japon de brusquer ses affaires avec les États-Unis : après avoir temporisé et éprouvé son adversaire, le Japon s’arrête à une solution provisoire, assez élastique pour être rétrécie ou élargie au gré des circonstances et qui ne le lie par aucun engagement écrit. Les départs pour l’hémisphère Ouest continueront, en tenant compte des résistances : comme le Japon les réglera lui-même, selon que l’antijaponisme des Américains sera en hausse ou en baisse, selon que la situation sera plus ou moins favorable au Japon en Extrême-Orient, il ouvrira ou fermera la porte aux émigrants.

C’est donc la Chine qui refrène l’ambition japonaise, cette Chine que des esprits inquiets représentaient un peu naïvement, après la guerre russo-japonaise, comme toute prête à ranger ses 300 millions d’hommes sous les bannières du Japon pour marcher contre notre civilisation blanche. Une Chine inquiète et remuée, voilà présentement la meilleure garantie de paix que le monde ait contre le Japon.

C’est seulement au cas que la Chine incapable de réformes et débarrassée de ses réformistes retomberait dans une léthargie de tout repos, ou au cas que la Chine rénovée et forte l’obligerait à décamper de Mandchourie et de Corée et à sacrifier ses rêves d’hégémonie sur le continent asiatique, que le Japon serait tout à fait libre de défendre de toutes ses forces militaires et navales les intérêts et les droits de ses