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Japon veut tirer une revanche de la déception de Portsmouth : l’armée des émigrants et des commerçants reprend la tâche nationale là où les soldats trahis par les diplomates l’ont laissée. Et pour les protéger, le cas échéant, on multiplié bataillons et cuirassés.

Donc période de recueillement et de paix : on se donne quatre ou cinq années pour forger de nouvelles armes de combat et rétablir l’équilibre financier, mais en même temps période de paix agressive où s’ébauchent de grands desseins. Le passé du Japon, l’idée qu’il a de son rôle en Extrême-Orient et le souci de sa sécurité le tournent vers la Corée, la Mandchourie et la Chine ; mais l’avenir du Japon, l’idée du rôle qu’il doit jouer dans le Pacifique, le souci de son prestige et de ses intérêts économiques l’intéressent aux terres et aux îles du Pacifique où des Shin Nihon commencent de jalonner le futur empire.

Chacune de ces tâches est gigantesque, et l’exécution de chacun de ces plans grandioses, imprudemment poussée, peut mener le Japon à une guerre. La Corée est hostile aux Japonais ; l’instabilité des affaires chinoises est une menace ; les émigrants japonais sont rejetés par les États-Unis et le Canada. Que faire ? Augmenter ses armements, se rapprocher des puissances européennes, Angleterre, France, Russie, dont le Japon n’a rien à craindre et dont il veut l’aide financière ; opposer cette quadruple entente d’une part à l’Allemagne et aux États-Unis, d’autre part à la Chine, et gagner du temps en cédant temporairement aux exigences américaines. Dans trois ou quatre années, quand les finances seront rétablies, sera-ce