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aussi regardèrent-ils vers l’Extrême-Orient où la main-d’œuvre est inépuisable. Un troisième parti enfin, puissant surtout à Honoloulou et qui désirait l’annexion aux États-Unis, voulait une population blanche qui fût capable de manier des institutions libres et de faire des îles Hawaï, en fait aussi bien qu’en nom, une part intégrale de l’Union. Ces trois influences n’ont jamais cessé d’agir pour déterminer la politique du gouvernement à l’égard de l’immigration et le recrutement des immigrants. Si l’on élimine la première influence qui fut sans résultat, les termes de l’expérience tentée dans les îles hawaïennes sont nets. En face de King Sugar et de ses courtisans qui veulent avant tout la main d’œuvre la moins chère et lient la prospérité économique des îles à la prospérité de la canne à sucre, s’oppose l’idée américaine, forte surtout depuis l’annexion, qui cherche politiquement et socialement à préparer le peuple des îles au gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple. Chez eux les Américains ont réussi à convertir tous les travailleurs étrangers, d’où qu’ils viennent, en citoyens adaptés au gouvernement et aux mœurs démocratiques. Des différentes races attirées aux Hawaï pour le service de King Sugar, l’idée américaine a-t-elle réussi la même synthèse sociale et politique, bref l’américanisation ?

On dirait une expérience de laboratoire, tant les conditions en sont schématiques, tant la progression en est raisonnée. Ces îles isolées de tout continent par des milliers de milles forment un vase bien clos. À l’abri des courants d’influences qui sur les continents propagent si rapidement les espèces végétales