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-1906, fut une ébauche du conflit actuel, mais, dans un conflit international, un syndicat de marchands ne vaut pas un État centralisé. D’autre part, que le différend ait été seulement entre Canadiens et Japonais, et non pas d’abord entre Américains et Japonais : il n’aurait pas pris la même importance. Londres est loin de la Colombie britannique ; les intérêts canadiens ne se confondent pas avec les intérêts de l’Empire anglais, allié du Japon. Il a suffi au contraire que les Californiens pussent convaincre la majorité de leurs concitoyens que c’était l’intérêt de tout le pays de garder une façade blanche sur le Pacifique, pour que le gouvernement de Washington fit de l’immigration japonaise une question nationale. Les États-Unis forment un commonwealth de plus de 80 millions d’habitants : l’Australie et le Canada ne sont que des dependencies de quelques millions d’habitants, sans marine, sans armée, sans diplomatie indépendantes : au Japon victorieux, seuls les États-Unis peuvent tenir tête.

Jamais le problème des rapports entre la race blanche et une race de couleur n’avait présenté un tel intérêt humain. Chez les Noirs ou chez les Jaunes, quelques milliers d’Européens, planteurs, commerçants, fonctionnaires et soldats, vivent groupés en petites communautés ; ils pacifient la race inférieure, lui donnent les moyens de travailler et tout est dit : il n’est pas question de vie en commun, d’assimilation. Entre Blancs et Noirs, aux États-Unis le cas est déjà plus complexe, plus instructif : dix millions de Nègres y forment une population permanente et qui, en théorie, a les mêmes droits civiques que les Blancs. Mais comme ces Nègres n’ont comme protec-