Page:Aubert - Américains et Japonais, 1908.pdf/60

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

colonie japonaise est assez forte pour donner une éducation japonaise à ses enfants. Au surplus, « en ces derniers temps, certains Américains voyaient d’un très mauvais œil la présence de ces directeurs ainsi que la protection qu’ils donnaient aux émigrants », et la loi d’immigration américaine défend l’émigration officielle. Toutefois « les agriculteurs japonais ne sont pas encore assez éclairés pour qu’une entière indépendance leur soit laissée. Déjà quand ils viennent dans une ville japonaise ils sont désemparés ; à plus forte raison, quand ils sont hors du Japon. Il faut des gens qui connaissent bien les règlements et qui puissent endosser une responsabilité, pour leur éviter, à eux et au gouvernement japonais, toutes difficultés ».

Le gouvernement japonais se relâche donc de la surveillance qu’il exerçait sur les émigrants, parce que les Japonais aux Hawaï et en Californie forment dès maintenant un groupe assez nombreux et résistant pour que ses membres s’entr’aident[1] et qu’il est conforme aux vœux de tous de rendre l’émigration plus aisée en supprimant les formalités et en abaissant la somme d’argent nécessaire. Mais il n’abandonne pas tout contrôle. Les émigrants, au reste, continuent de le réclamer. « Que le ministère des Affaires étrangères ait pas cru devoir dire aux habitants des Hawaï d’élever le taux des salaires pour les émigrants japonais, c’est une chose que les journaux n’ont pas cessé de reprocher au gouvernement. »

  1. Dès 1902, les émigrants japonais en Corée et en Mandchourie échappaient aux restrictions imposées à ceux qui partaient pour les Hawaï. C’est que les Japonais installés en Corée et en Chine avaient formé des associations capables de faire face aux malheurs pouvant survenir à leurs compatriotes.