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pour développer l’immigration des Blancs, si les planteurs continuent de s’approvisionner de travailleurs par l’intermédiaire des Compagnies japonaises et ne réservent pas aux seuls immigrants d’Europe les terres gratuites ? À supposer même que ce conseil d’immigration réussisse à trouver aux Açores, en Galice, en Sicile ou en Finlande les hommes capables de tenir tête aux Japonais, ces Blancs pourront-ils travailler aussi bien que les Asiatiques sur les plantations ? Certaines besognes, comme l’effeuillage des cannes, sont trop pénibles pour des Blancs : sur les terres irriguées, les cannes croissent à une grande hauteur et, s’entremêlant, forment une jungle : il faut y cheminer accroupi dans une atmosphère surchauffée par le soleil, non aérée par le vent, chargée d’humidité, où l’on s’emplit les poumons et les yeux de poussière. Surmonteront-ils le préjugé que tous les Blancs éprouvent, sauf les Portugais, à travailler comme coolies, côte à côte avec des Jaunes ? Aux Hawaï, le Jaune, comme le Nègre dans le sud des États-Unis, détourne de la terre où il travaille l’immigration blanche. Pour retenir des Européens dans les îles, il faudra leur donner de bons salaires, changer la discipline paternelle des plantations qui traite les travailleurs en enfants ; il faudra leur rendre

    Hawaï une communauté de petits propriétaires, et non de grands planteurs aux terres cultivées par des coolies… Les îles actuellement s’efforcent de trouver des immigrants capables un jour d’assumer les droits et les devoirs des citoyens américains, et si les chefs des diverses industries adoptent notre idéal et aident de bon cœur notre administration à développer une classe moyenne de bons citoyens, le remède sera trouvé aux problèmes commerciaux et industriels qui leur paraissent si graves. » Président Roosevelt. Message, 3 décembre 1906.