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le séjour attrayant, leur donner un home et des terres. Il y a plus : le vrai moyen de substituer des citoyens blancs à des touristes jaunes serait une révolution dans la culture du sucre : il faudrait morceler les grandes plantations, favorables aux serfs asiatiques, en petits domaines qu’affermeraient des Blancs indépendants. Mais que diraient King Sugar et les planteurs ? Il a fallu une terrible guerre pour retirer à King Cotton ses esclaves.

Pourtant encourager aux Hawaï la tenure de petites fermes par des Blancs paraît être le vrai moyen de rompre ce monopole du servage qu’ont acquis les Asiatiques sur les plantations. Mais il est difficile d’implanter le système du petit fermage aux Hawaï. Pour qu’il se développât sûrement, il faudrait que les Asiatiques vinssent à manquer ou que les salaires et conditions de travail sur les plantations rapprochassent les exigences des Jaunes de celles des Blancs. En attendant, les planteurs aristocrates terriens, s’opposent à ce système qui tend à faire monter le prix des terres, à démembrer les grandes plantations, à rompre la discipline des camps de travailleurs. Au surplus, l’expérience des petits fermiers blancs n’a pas toujours été heureuse : beaucoup ont dû abandonner, d’autres vivotent après de durs débuts ; quelques entreprises de colons américains ne peuvent survivre qu’en employant une main-d’œuvre asiatique. Bien plus, les Jaunes, non pas seulement comme salariés, mais aussi comme patrons, s’emparent de ces fermes. Un Japonais fait remarquer que fatalement les Blancs doivent échouer et qu’ils seront remplacés par une communauté de fermiers orientaux : « Un revenu, qui ne suffit pas à faire vivre