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les Hawaï, c’est écarter l’ennemi de toute la ligne de côtes qui va du Puget-Sound jusqu’au Mexique, le priver d’une station de charbon située à 2 100 milles de San Francisco, le rejeter ainsi de 3 500 à 4 000 milles en arrière des Hawaï, poste avancé, le forcer à des campagnes de 7 ou 8 000 milles aller et retour, bref l’empêcher de soutenir une guerre navale. Aussi comprend-on que, dans son message de décembre 1905, le président Roosevelt ait dit : « Des mesures immédiates devraient êtres prises pour fortifier les Hawaï. C’est le point le plus important à fortifier dans le Pacifique, pour sauvegarder les intérêts de notre pays. On ne saurait exagérer l’importance de cette mesure[1]. »

La situation actuelle des Hawaï réclame un traitement spécial : c’est une situation spéciale qu’a créée l’admission d’une main-d’œuvre asiatique au service d’une culture privilégiée.

Si les Américains se décidaient à traiter les îles Hawaï comme une colonie tropicale et à l’exploiter au seul bénéfice des capitalistes américains ou hawaïens, le problème de races n’y serait pas tragique. Les Asiatiques vendraient leur travail que les capitalistes blancs achèteraient au meilleur compte et tout serait dit. Mais ce qui vient compliquer les problèmes économiques, sociaux et politiques des Hawaï, c’est le sentimentalisme américain, qui du continent, rayonne, le même sentimentalisme qui inspire la politique « des Philippines pour les Philippins » : on ne doit pas sacrifier à la seule prospérité matérielle

  1. 250 000 dollars ont été votés pour commencer les travaux de défense à Honoloulou.