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des îles l’idée d’un american commonwealth. Sur territoire américain, il ne sera pas dit que des citoyens américains ne puissent gagner leur vie et former une communauté démocratique et égalitaire.

Cet idéal, la main-d’œuvre japonaise, le rend presque impossible. Des planteurs étrangers ou des planteurs américains, qu’un long séjour dans les îles a déshabitués des traditions et sentiments du continent, trouvent que la politique trop sentimentale de Washington est indéfendable. Parmi eux, l’idée a été exprimée et soutenue qu’il serait bon pour les Hawaï d’être non plus un « Territory of the United States », mais simplement une « colonial dependency ». Ainsi l’industrie sucrière pourrait plus aisément obtenir des lois permettant l’importation du Chinois. Contre cette solution, le président Roosevelt s’est vigoureusement élevé[1]. « Notre but est de développer le territoire de Hawaï selon des traditions américaines. Nous ne pouvons admettre aucune solution aux problèmes actuels, qui réclame l’admission de Chinois et qui les confine par statut aux travaux des champs ou à l’état de domesticité. L’état de servilité ne peut être toléré sur le sol américain, une fois de plus… Il y a des obstacles, de grands obstacles à la formation d’une communauté américaine aux Hawaï ; mais il n’est pas dans le caractère américain de reculer devant une difficulté… Hawaï ne deviendra jamais un territoire où une classe dirigeante de riches planteurs vit grâce au travail des coolies. Même si le développement du Territoire doit être rendu plus lent, ce développement

  1. Message, décembre 1905. Foreign Relations, p. LIX. Cf. supra, p. 72, l’expression de la même idée dans le Message de décembre 1906.