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Page:Aubert - Paix japonaise, 1906.djvu/259

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montent des gens mi-nus, secs comme du vieux bois.

Sur notre vapeur, tous les Japonais font la sieste. Seuls, deux petits enfants, aux cheveux frangés bas sur le front, regardent la lame que l’étrave rabat sur l’eau lourde, et, quand le tranchant de la vague, après s’être effilé, effilé, se rompt et éclate en écume, ils rient et battent des mains…

Autour de nous, ce ne sont plus des îlots minuscules avec des pins tordus comme à Matsushima, mais de grandes et hautes îles, presque dénudées. Le roc jaune, aux arêtes vives, est à peine duveté d’herbe et d’arbustes dans les creux ; sur les pentes rouges et ocrées de ces terres désertes, les nuages qui passent découpent des plaques mouvantes de lumière et, dans les entailles ravinées, insèrent leurs ombres vigoureuses. Souvent, au pied des montagnes, par places, le sol rugueux s’apprivoise en rizières qui, douces à l’œil, s’ordonnent en gradins autour d’un village comme un théâtre antique.

Arrêts fréquents et longs en face de chaque village. Depuis des siècles, c’est par eau qu’on circule. Les barques accourent autour du vapeur, chargées de paquets, d’enfants et d’un bon peuple de la campagne, rougeaud, rieur, affairé, mais patient. Ils ont toujours un air de fête et de promenade : tout de suite familiers et curieux, ils vous interrogent de leurs faces rondes, goulues de nouvelles.

On finit par oublier que ces golfes calmes, blottis derrière des rocs, s’ouvrent, au bout, sur la mer libre. Surprise brusque : dominant les passes, les