Aller au contenu

Page:Aubert - Paix japonaise, 1906.djvu/260

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gros canons des forts ; allongé sur la baie de Kuré, un arsenal résonnant et fumant ; alignés devant Hiroshima, les transports de guerre peints en noir.

Au crépuscule, de grands rayons rouges fusent dans le ciel pardessus les montages veloutées. Sur les promontoires des îles, les phares s’allument ; entre les nuages, massifs comme des promontoires, les étoiles aussi scintillent, telles des phares d’une autre Mer Intérieure et nous continuons d’errer entre des formes sombres.

Coup de sirène : une barque s’approche, garnie de grosses lanternes de papier qui dansent. Nous descendons ; le vapeur repart. La lune s’est levée. L’île n’est qu’une large éclaboussure noire sur un fond d’argent lisse. Dédaignant le village éclairé, nous nous faisons conduire plus loin. La marée baisse ; il faut débarquer à dos d’homme ; la grève, sertie de lanternes en pierre, est tachetée par les ombres étranges de pins tordus. Nous montons à travers la forêt. Une petite lumière ; des servantes en robes claires à grosses fleurs nous accueillent de profonds saluts, de compliments précieux, puis nous conduisent à une petite maison isolée dans les arbres, — frêle maison de papier sur pilotis, au-dessus d’une cascade qui pleurniche.

Miyajima.

L’île sainte, Miyajima, consacrée à trois déesses, ne doit être souillée ni par des naissances ni par des