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catif surprenne son ennemi au détour sombre d’une forêt et lui plonge son poignard dans le cœur ; que le corse sauvage attende sur le bord d’un ravin l’objet de sa vendette, et, d’un coup de sa carabine, l’étende à ses pieds ; que l’impétueuse italienne porte un stylet à sa jarretière et perce le sein d’un amant infidèle ; il y a quelque chose d’émouvant dans leur action. Le premier appelle sa vengeance « le plaisir des dieux, » et dit avec le poète anglais que « c’est une vertu. » Le second a une dette sacrée à payer : son père peut-être la lui a laissée ! La troisième a son excuse dans la passion la plus puissante du cœur humain, l’amour, source de tant d’erreurs. Elle ne conçoit pas qu’on puisse aimer et supporter de l’indifférence ; elle veut que le jeune Anglais, aux cheveux blonds, boive la coupe des passions, comme elle, fille du midi, à la longue chevelure noire, à l’âme de feu !… Mais ce que je ne puis concevoir et ce qui répugne à la raison, c’est qu’un être auquel on ne