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peut refuser le nom d’homme, puisse s’abreuver du sang de son semblable pour un peu d’or…

Sur les bords de la charmante rivière des Trois-Saumons, est une jolie maison de campagne, peinte en rouge, qui touche, du côté sud, à la voie publique et, du côté nord, au fleuve Saint-Laurent ; les arbres qui la couvrent de leur feuillage, sur le devant, invitent maintenant le voyageur fatigué à se reposer ; car c’est à présent une auberge. Autrefois ce fut la demeure d’un assassin, et ses murs, maintenant si propres et si blancs, ont été rougis du sang du malheureux qu’un destin fatal avait conduit sous son toit.

Au temps dont je parle, elle était occupée par Joseph Mareuil, homme chez lequel deux passions seulement s’étaient concentrées ; l’une qui n’a de nom que chez la brute, et l’autre, celle du tigre : la soif du sang. Il pouvait, comme la tigresse d’Afrique, se reposer près du cadavre qu’il avait étendu à ses pieds et contempler, de son œil sanglant, sa victime encore palpitante.