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INTRODUCTION.

aucune leçon nouvelle[1]. Mais surtout, il reproduit même les fautes les plus flagrantes du copiste du manuscrit Tronchin[2], et à ces fautes, il en ajoute d’autres qui lui sont propres, et qui sont tantôt de simples étourderies, tantôt le résultat d’une lecture inexacte et inintelligente du texte copié[3].

Quant au manuscrit Tronchin lui-même, il est hors de doute qu’il est postérieur à l’édition princeps : il contient en effet toutes les additions de l’édition s. l. n. d.

La question se ramène donc en définitive à celle-ci : quel est le rapport de l’édition s. l. n. d. au manuscrit Tronchin ? Le manuscrit représente-t-il une revision du texte antérieure ou postérieure à la seconde édition ?

Dès que l’on y regarde de près, et c’est là ce qui fait la difficulté du problème, on s’aperçoit que ces deux hypothèses sont aussi improbables l’une que l’autre. Le texte de l’édition s. l. n. d, et celui du manuscrit sont en effet très voisins l’un de l’autre, et les divergences, quoique assez nombreuses, sont pour la plupart si insignifiantes qu’on ne s’expliquerait guère comment l’un de ces deux textes pourrait représenter une véritable révision de l’autre. Mais il y a plus. D’une part, en effet, il paraît impossible d’admettre l’antériorité du manuscrit : car, dans un grand nombre de cas, l’édition s. l. n. d. est d’accord avec l’édition princeps contre le manuscrit, parfois même lorsque la leçon du manuscrit est meilleure. Mais, d’autre part, il parait également fort difficile d’admettre l’antériorité de l’édition s. l. n. d. : car le manuscrit est souvent d’accord avec l’édition princeps contre la seconde, bien que plusieurs


    enflé — V. 258, gaignee — v. 289, leurs demeures plus franches — v. 344, infernal — v. 372, voicy — v. 394, ne sçavoir — v. 598, tu cours remédier — V. 617, allouvi, etc.

  1. On ne peut considérer comme telle la substitution de permet à promet au vers 246 : elle s’explique aisément par une faute, heureuse d’ailleurs, du copiste, ou à la rigueur, par une timide correction.
  2. Exemples : v. 65, non ma commune — v. 143, rend le sang non plus sang — V. 314, des charognes, des viandes — v. 322, répétition du mot portes dans les deux hémistiches — v. 450, font sentir — v. 493, de nos sens desmentoyt etc.
  3. Exemples : v. 9, fit pour vid — v. 109, en pour et — v. 221, voix pour croix — v. 323, fortune pour font une — v. 388, langage pour langue — v. 415, le dehors pour de dehors — v. 472, donnée pour ordonnée, etc.