Le vieil pere est fouëtté de son enfant pervers ;
Celuy qui en la paix cachoit son brigandage
De peur d’estre puni, estalle son pillage
Au son de la trompette ; au plus fort des marchez
Son meurtre et son butin sont à l'ancan preschez,
Si qu’au lieu de la rouë, au lieu de la sentence,
La peine du forfaict se change en recompense.
Ceux qui n’ont discerné les quereles des Grands
Au lict de leur repos tressaillent, entendans [1]
En paisible minuict que la ville surprise
Ne leur permet sauver rien plus que la chemise.
Le soldat trouve encor quelque espece de droict
Et mesme, s’il pouvoit, sa peine il lui vendroit.[2]
L’Espagnol mesuroit les rançons et les tailles
De ceux qu’il retiroit du meurtre des batailles
Selon leur revenu ; mais les François n’ont rien
Pour loi de la rançon des François que le bien.
Encor’ vous bien-heureux qui aux villes fermees
D’un mestier inconnu avez les mains armees, [3]
Qui goustez en la peur l’alternatif sommeil. [4]
De qui le repos est à la fievre pareil ;
Mais je te plains, rustic, qui, ayant la journee
Ta pantelante vie en rechignant trainee,
246. Ne leur promet sauver AT. Le manuscrit de Londres donne ici la même leçon que l’édition s.l.n.d. : pour cette exception, cf. la notice sur le texte. || 252. De la nature (corrigé dans l’errata en rançon) A. || 258. Une piteuse vie en tes sueurs trainee A. — Ta pentelante vie en rechignant gaignee T. Pour ces variantes, cf. la notice sur le texte.
- ↑ 244. Entendans soit le tumulte, soit le cri des hérauts. Cf. La Noüe (cité par Littré) : « La plupart de la noblesse ayant entendu l'exécution de Vassy... »
- ↑ 247-248. Nous comprenons ainsi : là où il n’y a plus rien, les habitants étant dépouillés, le soldat trouve néanmoins encore quelque droit à exercer ; et même il ferait racheter aux habitants le châtiment (peine) de leur ville, si ce n’était impossible, puisqu’il ne leur reste rien.
- ↑ 254. Inconnu. C’est le métier des armes qu’ignoraient jusqu’alors les bourgeois, brusquement obligés de se détendre eux-mêmes.
- ↑ 255. Alternatif, qui alterne avec la veille, intermittent, troublé. Voyez un autre exemple du même mot pris absolument, II, 257, Sancy : « Ce