Tournent dans les esprits des fols et jeunes Rois[1]
Et qui mangent matin. Que ce mal-heur se treuve
Divinement predict par la certaine espreuve !
Mais cela qui faict plus le règne malheureux[2]
Que celuy des enfans, c’est quand on void pour eux
"Le Diadème sainct sur la teste insolente,
Le sacré Sceptre au poing d’une femme impuissante,
Aux despens de la loy que prirent les Gaulois
Des Saliens François pour loy des autres lois.
Cet esprit impuissant a bien peu, car sa force
S’est convertie en poudre, en feux et en amorce.
Impuissante à bien faire et puissante à forger
Les cousteaux si trenchans qu’on a veu esgorger
Depuis les Rois hautains eschauffez à la guerre
Jusqu’au ver innocent qui se traine sur terre.
Mais pleust à Dieu aussi qu’ell'eust peu surmonter
Sa rage de régner, qu’ell' eust peu s’exempter
Du venin florentin, dont la playe éternelle,[3]
Pestiféré, a frapé et sur elle et par elle.
729. Quand ce malheur T. || 735. Au dépend T. || 745. Du vice —, dont A. — Du venin — , dont B.
- ↑ 728. Tournent. Sans doute il faut entendre : s’altèrent, se faussent, perdent leur vrai sens. Cf. IV, 297, Jug. :
Voicy donc, Antechrist, l'extraict des faicts et gestes,
Tes fornications, adultères, incestes,
Les pechez où Nature a tourné à l'envers… - ↑ 731. Cela qui faict. Malherbe proscrit cotte tournure : « Cela ne se dit point devant que ; mais : ce. » (Brunot, La doctr. de Malh., p. 394.)
- ↑ 745. Venin florentin. Il faut sans doute entendre par là cette rage de régner (v. 744), cette soif de puissance (v. 757), qui, pour se satisfaire, ne
pays, dont le roi est de race illustre et dont les princes mangent au temps convenable et non pour se livrer à la boisson. » — Ce dit. Cf. Vaugelas, I, 418 : « Ce dit-il, ce dit-on. On dit tous les jours Tun et Tautre en parlant, mais on ne le doit point dire en escrivant, que dans le stile bas. Il Boffit de dit-il, dit-on, sans ce, et c’est ainsi qu’il s’en faut servir par parenthèse, quand on a introduit quelqu’un qui parle. » On se rappelle que Molière, dans le récit que Pierrot fait du naufrage de don Juan {D. Juan, II, I), tire des effets comiques de cette locution dix fois répétée et donnée comme caractéristique du langage paysan.