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XXV
MANUSCRIT ET ÉDITIONS

truite sur trois phrases musicales α, β, γ (= β modifié), qui se succèdent de la manière suivante : αβ αβ αβ αβββββγ αβ αβ αβ αββββγ. La troisième phrase ne paraît que deux fois, d’abord à la fin de la première moitié de la strophe, puis pour terminer celle-ci. Les deux premières phrases alternent un certain temps, ensuite la seconde est répétée d’abord quatre, plus tard trois fois. Dans le Lai des Hermins[1], la même phrase musicale est chantée deux fois à la fin de chacune des douze premières strophes.

Le renvoi à quelques-uns des plus anciens lais se justifie par le fait que la seconde phrase mélodique d’Aucassin et Nicolette se rencontre, notée une quarte plus haut, pour le troisième vers de la première et de la seconde strophe du Lai des Amants[2]. Il est peu probable qu’il y ait influence directe d’une composition sur l’autre. On pourrait y voir une rencontre fortuite, ou bien admettre que cette phrase musicale était très répandue, qu’elle appartenait pour ainsi dire au domaine public. Nous avons un grand nombre de ces phrases passe-partout dans les chansons françaises jusqu’au XVIe siècle.

La musique d’Aucassin et Nicolette est une composition aimable et gracieuse, qui correspond bien au caractère général de l’œuvre. — Th. Gérold.]


IX. Manuscrit et éditions.Aucassin et Nicolette nous a été conservé dans un seul manuscrit de la fin du XIIIe siècle, le manuscrit français 2168 de la Bibliothèque nationale, un petit in-4o, à deux colonnes de 37 lignes dans la partie qui contient Aucassin et Nicolette (folios 70 ro b à 80 vo b), avec musique notée. Ce manuscrit est une collection de pièces diverses : romans, lais narratifs, fabliaux, fables, et même traités didactiques ou religieux. D’après les formes grammaticales et les habitudes orthographiques, cette collection a dû être copiée dans la région picarde. Le manuscrit n’est pas tout entier d’une même main. Le copiste auquel est due

  1. Ibid., 147.
  2. Ibid., 123.