Page:Auclert - Le vote des femmes, 1908.pdf/140

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


LE BLUFF ÉLECTORAL


Pour refuser la carte électorale aux Françaises, on les cloue au pilori d’infamie, en les assimilant aux hommes déchus de leurs droits.

C’est avec les individus condamnés à des peines afflictives ou infamantes, c’est avec les voleurs, les escrocs, les gens de mauvaises mœurs, les assassins et les fous, que les femmes sont exclues de l’électorat.

En ce pays où le nombre fait loi, le suffrage ne comprenant pas les femmes qui sont le nombre, n’exprime point la volonté de la France.

Après l’argent, c’est le domicile qui vote et non le souverain. L’électeur souverain ne circule pas avec sa souveraineté ; c’est un roi qui, quand il se déplace, s’arrache du front sa couronne pour la confier au garde-meuble social jusqu’à nouvelle installation.

Les difficultés dressées devant l’urne électorale, qui forcent des hommes à recourir à la fraude pour voter, prouvent que le suffrage, qui exclut en bloc toutes les femmes, c’est-à-dire la majorité de la nation, doit s’uni-