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puis, les relevant brusquement, elle aspirait l’air avec force et commençait une série de sauts et de mouvements gracieux qui nous ravissaient et faisaient tomber la plume ou le journal de notre main.

Si l’on poursuivait Yzette, elle à son tour poursuivait, jouait à cache-cache avec plus d’habileté que son partenaire. Elle dansait, tournait sur elle-même, sautait des quatre pieds à une grande hauteur en jetant ce cri nerveux : « couic » qui, paraît-il, dénote la plus grande joie chez les gazelles.

Quand on surprenait Ali et Yzette à démolir la tapisserie et les meubles et qu’on les claquait, Ali venait lécher la main qui l’avait frappé ; Yzette, au contraire, boudait, se tenait à l’écart ; il fallait lui faire beaucoup de prévenances pour pouvoir se reconcilier avec elle et rentrer dans ses bonnes grâces.

En présence d’un chien, Ali et Yzette prenaient leur attitude de combat ; les jarrets arqués, la tête penchée, elles lui présentaient leurs mignonnes cornes. Dans cette position défensive, elles rappelaient leurs sœurs du désert qui à l’époque des grandes sécheresses, se réunissent par troupe de dix à vingt mille pour chercher un climat plus frais. Poursuivies par les lions et les panthères, elles opposent le nombre à la force, marchent en colonnes serrées,