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se forment en cercle et offrent à leurs féroces assaillants, un rempart de leurs cornes aiguës.

Yzette et Ali, qui ne paraissaient heureux qu’en notre compagnie, étaient en même temps que notre joie, nos joyaux ; nous les montrions avec orgueil à tout entrant chez nous. On comparait leurs beaux yeux, à la fois si vifs et si doux, à de gros diamants noirs.

Ce qui est bon est, hélas ! de courte durée, le destin cruel nous enleva nos gazelles.

Ali mourut le premier. Yzette eut un vrai chagrin d’avoir perdu son camarade ; pendant huit jours elle fut désespérée, restant à l’écart, refusant la nourriture, pleurant comme une personne humaine. Nous l’accablions de tendresse. Nous eûmes l’idée de la laisser librement circuler sur la terrasse et dans l’appartement ; cette demi-liberté la consola.

Après avoir craint de la voir mourir de douleur, nous eûmes le plaisir de la voir recommencer à jouer et croître encore en force et en beauté.

La mort d’Ali avait développé chez Yzette une sensibilité extraordinaire. La solitude lui était insupportable, elle allait et venait avec moi par l’appartement, se couchait à mes pieds quand je m’asseyais et s’étendait à l’heure de la sieste, sur le tapis près de mon lit.

C’était une affaire d’État pour quitter cette petite